Tomes I et II

Librairie Larousse, 1970

Drame de l'avarice s'il en fût jamais ici-bas. Le père Grandet, tonnelier de son état a su faire fructifier ses sous, profitant de la débâcle post-révolutionnaire pour gonfler son bas de laine. En secret, car le bonhomme maintient son épouse et leur fille dans un état de quasi indigence, ne donnant chaque matin que le strict minimum pour nourrir trois adultes et la bonne à tout faire, Nanon. Celle-ci lui est toute dévouée depuis qu'il l'a prise à son service. Elle se plie aux tâches les plus ingrates, ne rechignant jamais à mettre sa force de fille de ferme au service du vieux grigou.

Eugénie a 23 ans. Elle ravaude avec sa mère les habits de la famille, devant une fenêtre de la vieille maison sans charme et sans confort. Elles y ont froid souvent car le père Grandet compte aussi le bois et n'accepte de chauffer que fort parcimonieusement. Pourtant il l'a gratis le bois. Ses fermiers le lui livrent, ainsi que le gibier, la volaille. Ce qui permet d'agrémenter l'ordinaire sans dépenser un sou. Alors qu'en fait-il de ses sous ? Il les entasse, les admire, les caresse, les vénère. Il a des barillets pleins d'or dans un cabinet jouxtant sa chambre et là, pendant ses heures d'insomnie, il se plaît à fomenter des coups bas qui ruineront ses collègues vignerons qui pourtant ne l'attaqueront jamais de front.

Cette histoire se passe dans la bonne ville de Saumur et le père Grandet est observé par ses concitoyens en ce début de XIXe siècle. On suppute sur l'étendue de sa fortune, sans jamais s'en approcher tant elle est vaste et diversifiée. Le seul à en avoir une idée est le notaire Cruchot. Un des rares à venir jouer une partie de loto avec son neveu, le Président de Bonfonds et son oncle, curé de son état. Ils lorgnent le parti d'Eugénie...

Ce roman est à la fois pittoresque, reflet de son époque : heures des repas, vocabulaire tombé en désuétude, atmosphère chafouine de la province, et universel. L'auteur nous y livre des réflexions sur le paraître en société, les ambitions, le qu'en-dira-t-on qui sont éternelles. Son portrait de l'avare fait penser à celui de Molière par bien des excès. L'édition, agrémentée d'illustrations, de photos angevines, de commentaires et de tableaux est passionnante .

Lisez-le ou relisez-le. Je l'avais complètement oublié...

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