roman
Éditions Gallimard, 2011
Voici un écrit d'une incroyable beauté. Beauté de l'écriture du récit qui coule sans heurt, qui nous entraîne par la magie des mots justes, pas pédants mais précis, incisifs. Descriptions époustouflantes de la mer, de la Bretagne, du granite, de la lande et de ces tous petits riens qui font la joie du poète. Et la musique, présente à chaque ligne quand ce n'est pas par la musicalité du conte poétique, par l'observation des trilles des oiseaux. Croyiez-vous que la pie émette un affreux craquètement, toujours? Il semble que certaine de ses congénères soit capable d'élever un chant sublimé, chaque fois recommencé. Quant aux concours des merles je vous laisse les découvrir.
Le roman s'articule autour de la parole des protagonistes. L'héroïne en est Claire, petit bout de femme trop vite frottée à la souffrance qui va traîner celle-ci en écharpe sa vie durant. Elle abandonnera ses filles comme sa mère les a abandonnés elle et Paul, son cadet de cinq ans. Elle sera adoptée à la cinquantaine par sa prof de piano qui n'a pas eu d'enfant, qui n'en voulait pas. Elle sera retrouvée par sa fille la plus jeune, quittée le sixième jour de sa mise au monde et un apprivoisement commencera dès lors avec ses hauts et ses bas.
Mais son alter-ego c'est Paul le petit frère, le véritable enfant, celui qui lui indispensable c'est lui. Ils sont très différents, issus d'une mère grecque et d'un père breton, mais complémentaires, solidaires. Simon, le compagnon d'enfance, marié et père d'un enfant pudiquement dit différent, retrouve avec passion son amour de jeunesse. Il choisit de rester dans sa famille, poids de la culture et attachement réel, mais s'éclipse lorsque la souffrance le submerge.
Pour Paul, la bouée se prénomme Jean et est curé de son état.
Le dernier chapitre où les personnages secondaires témoignent démontre la fragilité de l'opinion que l'on peut avoir de son prochain, que l'on ne se donne pas la peine de décoder.