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Éditions Anne Carrière, 2009
  Quand on ouvre un livre de François Thibaux on replonge immédiatement dans une atmosphère d'enfance, de vie imaginaire, de souvenirs. Mais pas seulement. L'enfant, Alexandre, conçu par amour, dont les premières années sont dorées: parents jeunes et beaux, cadre idyllique, vie en harmonie au plus près de la nature, insouciance... se retrouve tout à coup au coeur d'un drame (ici, perte de ses parents, ailleurs c'est la mère ou la soeur qui fera défaut...). La famille tient un grand rôle, avec "toujours" une belle-mère aristocrate qui refusa en son temps la mésalliance de sa fille avec un gitan (fût-il devenu chirurgien ne changera rien au principe). Et puis, ici, l'oncle et la tante qui entretiennent des relations en osmose qui semblent hors du champ traditionnel. Ces trois personnages vont devenir la famille d'accueil de notre orphelin.
  La part de l'imaginaire est grande qui amène une résilience toute relative car l'enfant mûri trop vite connaît la différence entre réalité et possibilité d'un ailleurs (ses considérations sur tout ce qui touche au religieux sont assez abouties!). C'est un enfant précoce, il ne supporte pas le carcan de l'école mais absorbe tout ce qu'il lit, qui le passionne.
  Grand rôle des chevaux ici encore (relire Le chemin d'Alix et Le guerrier nu ) même si dans ce roman-ci il n'est pas de chair et d'os, il occupe une place de choix.
  Le grand-père pleure un frère aîné ( parallèle avec Le guerrier nu ). L'absence, le manque sont des éléments à part entière dans cette construction. Et la guerre, omni présente: Watterloo, 14-18, 39-45. Les massacres, l'amitié virile, le dévouement.
  Les chapitres alternent la voix du conteur, l'auteur, et celle de l'héroïne associée à l'enfant, Nicole. Elle a une bonne douzaine d'années de plus que lui, orpheline de père, adoptée par la compagne de ce dernier, éduquée en partie par la grand-mère de l'enfant et mise à l'école des bonnes soeurs. Entre elle et l'enfant c'est l'amour total, sans tabou, sans morale pour entraver la complémentarité de ces deux êtres. ( On retrouve le thème de la découverte des relations à la femme). A travers Nicole on aborde les relations pas toujours simples au sein des familles: la mère, génitrice qui abandonne, la mère de la mère qui recueille le gendre et la gamine, un réseau d'aide "filiale" qui se reconstitue...
  Ne soyez pas arrêtés par ma prose, ce roman se lit d'un trait, mais on le déguste d'autant mieux qu'on replonge en atmosphère familière.
  L'allusion à la photo de couverture est une énigme: le roman a-t-il été construit autour d'une photo retrouvée ou le cliché a-t-il été mis en scène pour coller parfaitement au roman? 
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