Éditions Gallimard 2000


   Le style, direct, nous plonge dans le quotidien du début du XXe siècle.
   Il y a d'abord les horreurs de la Grande Guerre, vues de l'intérieur, cette mort qu'il faut apprivoiser, qui vous vient des gradés, pour l'exemple, quand elle ne vous fauche pas sur le champ de bataille.
  Mais ce n'est pas que ça. Ferdinand voyage: l'Afrique, New-York... Il fait des rencontres, certaines passagères, d'autres qui dureront jusqu'à la fin du récit. Telle est celle avec Robinson, qui s'étire comme un fil conducteur.
  Il y a encore les noms des héros, aux consonances évocatrices et le français vieillot: la pagaïe (pagaille), la dégoûtation, soye (soit), qui ajoutent du piment à la lecture. Les transformations qui ont eu lieu depuis sont intéressantes également. L'auteur nous parle de l'octroi, de l'éclairage au gaz, des premières voitures, des jardins périphériques qui alimentent les Halles. Comme ça devait être beau, en ce temps-là, la banlieue parisienne.
  Mais il y a surtout la grande misère sociale, les femmes qui meurent en avortant, la tuberculose, la typhoïde, le paludisme, les puces et les punaises qui partagent la vie quotidienne. Les dégâts que cause l'alcoolisme, fléau enkisté.
 Et cette mort, obsessionnelle, qui ne se fait jamais oublier.
  Céline évoque la défense de Paris en 1814, contre les cosaques, les Barrières. 
 A noter, comme l'auteur le fait dire à un de ses personnages, "il y a deux catégories humaines qui ne pensent pas: les miséreux et les femmes!"
  Mis à part ce bémol, c'est un livre plein d'humanité, qui mérite d'être connu. Ce roman reste un monument, plus de 70 ans après sa parution, en 1932.  
 

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